Tell you the Story of who I am
Dites nous tout de vous dans un minima de 25 lignes
chapter oneLe
'Clair de lune' résonnait dans la petite pièce. Les doigts de la pianiste glissait sur le piano, créant cette douce mélodie. La petite fille, brune, les yeux marrons, observait avec attention sa mère qui, les yeux fermés, jouait comme elle le faisait très souvent. Elle connaissait chaque note par coeur et rien, à cet instant précis, ne pouvait la déconcentrer. Rien à part peut-être sa fille justement...
« Je peux jouer maman ? », l'interrompit-elle en la regardant. Un léger sourire flottant sur ses lèvres, sa mère, Holly, baissa la tête pour mieux la voir. Elle arrêta de jouer et une de ses mains échoua dans les cheveux indisciplinés de Gabrielle.
« Bien sûr que tu peux. », dit-elle avant de se décaler légèrement sur le tabouret pour lui laisser plus de place. Gab' posa ses doigts de petite fille sur le piano et entama une mélodie qu'elle venait tout juste de commencer à apprendre avec son professeur. Du haut de ses huit ans, elle avait déjà derrière elle deux ans de pratique. Sa mère avait insisté pour qu'elle commence jeune. C'était le meilleur moyen pour qu'elle devienne une prodige dans ce domaine. Gabrielle baignait dedans depuis toute petite et ne regrettait absolument pas le choix de Holly. A son tour, elle se laissa totalement emporter par la musique... Elle s'interrompit brusquement.
« Je ne connais pas encore la fin... », annonça Gabrielle sur un ton d'excuse. Un léger rire franchit les lèvres de sa mère qui regarda sa fille, amusée.
« Il va falloir que tu t'investisses un peu dans ton cours, Gabrielle. » Holly tourna brusquement la tête en direction de la porte et son sourire s'évanouit aussitôt. Son mari se tenait là, toujours habillé de son costard. Il revenait d'un déplacement d'une semaine. Il était parti à la recherche d'un nouvel artiste sur lequel compter pour sa future exposition.
« Ne t'inquiète pas, Gaby, tu as encore le temps de l'apprendre. Et si tu allais jouer dans ta chambre ? », proposa-t-elle en regardant sa fille avec une admiration non dissimulée. La petite fille se leva et sortit de la pièce, sans un regard pour son père, qu'elle ne voyait, de toute façon, jamais. Même dans sa chambre, Gabrielle put très clairement entendre la dispute entre ses parents à l'étage du dessous.
*****
Gabrielle était, à première vue, une jeune fille normale. Elle adorait les bonbons, elle allait à l'école, elle avait une collection de Barbie en tout genre, elle avait de nombreux amis, elle aimait parler pendant de longues minutes interminables, etc... Ce qui l'opposait totalement à la quasi totalité de ses camarades était qu'elle vivait dans le luxe depuis toujours. Grande maison, piscine, femmes de ménage, jouets en surnombre, chambre de princesse, table bien trop grande pour seulement trois personnes, garde-robe sans cesse renouvelée et très grande et bien d'autres choses qu'elle tâchait de ne pas étaler aux yeux de tous. Elle voulait être aussi normale que possible. Ce qui, en soit était difficile, voir même impossible, quand un chauffeur la conduisait à l'école en limousine tous les jours. C'était la seule manière que son père avait trouvé pour combler ses fréquentes absences. Il travaillait dans l'art. Son métier consistait à parcourir le monde, à la recherche de nouveaux artistes pour les faire venir aux grandes expositions qu'il organisait. Depuis plus de dix ans maintenant, il était devenu un multimilliardaire très réputé pour ses nombreuses ventes d'oeuvres d'arts aussi originales qu'exceptionnelles. Gabrielle ne connaissait donc que très peu son père. Sa mère, quant à elle, restait à ses côtés autant que possible. Elles étaient très proches l'une de l'autre. Cela suffisait donc très largement à Gab' qui vivait très bien avec cette situation, tout en réussissant à ne pas devenir une petite fille pourrie gâtée grâce, et seulement grâce à Holly qui lui apprenait la modestie et les bonnes manières.
chapter two« Tu avances ou tu rêvasses ? », questionna la voix si agaçante de Elliott, celui qu'elle se refusait à appeler son père. Elle regarda une dernière fois la photo de Holly et elle, avant de ranger le cadre dans le carton face à elle.
« Je viens tout juste de terminer. », répondit-elle sans même prendre la peine de tourner la tête dans sa direction. Il n'en valait définitivement pas la peine.
« Bien. Prends donc le sac où tu as mis ce que tu avais de plus important et monte dans la limousine. Des personnes viendront récupérer tes cartons plus tard. » A peine avait-il terminé sa phrase qu'il tournait déjà les talons et sortait de la pièce. Un rictus agacé s'afficha sur le visage de Gabrielle avant de disparaître aussitôt. Elle faisait tous les efforts du monde pour ne laisser aucune émotion apparaître. Elle ne pouvait pas se le permettre. Plus maintenant. Elle ferma le sac de marque posé sur son lit et le lança sur son épaule. D'un dernier regard, elle balaya la pièce, espérant marquer chaque détail dans son esprit. Elle avait passé son enfance ici et elle devait à présent tout abandonner. A cause de
lui. Parce qu'
il en avait décidé ainsi. Une larme coula sur sa joue. Elle l'essuya d'un geste rageur. C'était la dernière larme qu'elle versait pour lui.
*****
Gabrielle avait tout juste douze ans quand le premier véritable drame fit irruption dans sa vie. Ce n'était pas un drame anodin, ce n'était pas non plus quelque chose que l'on pouvait rayer de ses pensées facilement. En fait, elle savait elle-même qu'elle ne le pourrait pas. Si une solution existait, elle aimerait vraiment savoir comment faire le deuil de manière rapide et efficace de sa mère. Elle avait été tout pour elle, à la fois son guide et son protecteur. Comment allait-elle s'en sortit sans elle, avec pour seul compagnie, son
père ? Un stupide accident de voiture avait pris la chose la plus importante de sa vie. Comme si tout cela ne suffisait pas Elliott avait décidé de déménager. Oh non, ce n'était pas parce que cela lui rappelait trop de souvenirs, bla bla bla. Il n'était pas aussi attristé qu'il aurait dû l'être après le décès de sa femme, il ne voulait juste pas laisser sa fille avec des nounous etc. Il préférait l'emmener de partout avec elle. Et c'est exactement ce qu'il se passa. Les années qui suivirent furent à la fois mieux et bien pire. Mieux parce que Gabrielle, qui avait toujours rêvé de voyager, et pire parce qu'ils changèrent sans arrêt de destination, parcourant les Etats-Unis en long, en large et en travers. Avec le temps, Gabrielle changea totalement. Sa mère lui manquait toujours, bien évidemment, mais elle finit par mettre tout cela dans un coin de sa tête. Elle continua les cours de piano, prit des cours à domicile, et se tint à distance de tous ceux qui n'étaient pas son père.
chapter threeUne porte qui claque. Des talons qui tapent sur le sol dans un bruit régulier.
« Papa ? », demanda Gabrielle avant de retirer ses talons aiguilles qui lui faisaient un mal de chien. Elle déposa son manteau sur le dossier du canapé et avança dans la chambre en regardant de partout.
« Comment s'est passé ton cours ? », demanda Elliott en rentrant dans la pièce, un léger sourire aux coins des lèvres. Il vint s'adosser à un mur, jambes et bras croisés, la regardant, dans l'attente d'une réponse. Son sac atterrit sur la table basse et elle lui répondit rapidement :
« C'était pas mal. J'ai encore appris un nouveau morceau. Je te le jouerai à l'occasion. » Pour seule réponse, Elliott hocha la tête. Le silence s'installa, comme très souvent entre le père et la fille qui ne se comprenaient que très rarement.
« Au fait, j'ai réfléchi. J'aimerais agrandir mes connaissances au niveau musical. Est-ce que tu penses envisageable qu'en plus de mes cours de piano, je prenne des cours de guitare ? », finit-elle par demander, rompant ainsi le silence qui s'était mis en place. Elle baissa la tête, regardant ses mains. Elle finit par relever la tête, pour voir le visage déçu de son père. Son sourire s'était évanoui, laissant la place à l'agacement.
« Tu sais très bien ce que je pense de la guitare. Le piano est très largement suffisant. », annonça t'il d'un ton sec et ferme, mettant fin à la discussion sur sa pseudo nouvelle passion. Il se redressa et avança en direction de la porte.
« Je retourne dans ma chambre. N'oublie pas que tu as un photoshoot cet après-midi, n'y sois pas en retard. » Il déposa un baiser rapide sur sa joue et sortit de la chambre en claquant la porte derrière lui. Elle aura au moins eu le mérite d'essayer.
*****
Avec les années, les relation sentre Elliott etGabrielle s'étaient considérablement améliorées. Elles n'étaient pas non plus parfaites, loin de là, même mais ils étaient bien plus proches que ce qu'ils ne l'avaient jamais été. Sans doute était-ce dû au fait que Gabrielle était bien loin de la Gabrielle qu'elle était, enfant. Elle écoutait à présent ce que son père lui disait et ne cherchait pas à contester la moindre de ses paroles. Après tout, il était celui grâce à qui elle avait tout ça bien qu'elle vivrait tout aussi bien avec un peu moins de luxe. Elle le voyait toujours aussi peu souvent, puisqu'il devait parfois partir pour l'Europe ou Dieu seul sait où encore... Pour lui, elle participait à de nombreux galas, et même à ses expositions d'oeuvres d'art. En tant que fille d'Elliott O'Neil, elle se devait d'être parfaite sous toutes les coutures. Elle avait à sa disposition stylistes, coiffeurs, esthéticiennes, etc... Sa vie pouvait être considéré comme parfaite par beaucoup mais c'était loin d'être ce qu'elle, elle voulait, dans le fond. Son père ne se souciait jamais de savoir si tout cela lui convenait, il la considérait plus comme une oeuvre d 'art elle aussi. Il n'avait plus sa femme à son bras, alors il emmenait sa fille de partout avec lui. Il voulait qu'elle devienne une grande mannequin, raison pour laquelle il la faisait participer à de nombreux photoshoots, et défilés. De son côté, elle avait toujours rêvé de devenir professeur, rêve qu'elle n'aurait jamais la possibilité de concrétiser à cause de son paternel qui misait bien plus en elle. Alors elle continuait à vivre comme il le souhaitait, et ne cherchait plus à atteindre ses propres rêves. A quoi bon, quand sa route était déjà toute tracée ?